Analyse du dispositif de formation Ifadem 100 % en ligne mis en œuvre en Côte d’Ivoire

Co-pilotée par l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF) et l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), l’Initiative francophone pour la Formation à distance des maîtres (Ifadem), présente en Côte d’Ivoire depuis 2013, suit le modèle issu des orientations prises par les partenaires de la Francophonie à l’occasion du Sommet de Bucarest en 2006. Celui-ci s’appuie sur des livrets d’auto-formation et un système de tutorat, avec des mini-regroupements réguliers.

Depuis sa création et de manière générale, Ifadem vise à contribuer à la réalisation du quatrième objectif de développement durable de l’ONU (ODD 4), par la formation des personnels de l’éducation. À ce jour, une quinzaine de pays ont mis en œuvre l’initiative : Bénin, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Côte d’Ivoire, Guinée, Haïti, Liban, Madagascar, Mali, Niger, République démocratique du Congo, Sénégal, Tchad, Togo et Union des Comores. 

À partir de 2018, par le biais du projet d’appui à l’amélioration de l’enseignement des apprentissages premiers et de la direction des établissements scolaires (PAPDES) et son dispositif classique de formation à distance, Ifadem-PAPDES a commencé à former les enseignants du primaire, les directeurs d’écoles préscolaires et primaires et les chefs d’établissements secondaires (principal, proviseur ou directeur des études) par vagues successives. Dans le dispositif, il était prévu à terme la formation de 26 000 personnels du secteur éducation/formation de Côte d’Ivoire.

En décembre 2019 cependant, la Covid-19 fait son apparition et moins de trois mois plus tard, elle est déclarée pandémie par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Dans ce contexte très particulier où presque toute l’activité humaine tourne au ralenti, la Côte d’Ivoire, qui est touchée par la maladie en mars 2020, est obligée, à l’instar de plusieurs États et gouvernements membres de l’OIF, de prendre des mesures d’endiguement de l’épidémie. Parmi celles-ci figure la fermeture temporaire des lieux recevant du public, dont les établissements scolaires, entraînant l’arrêt des cours en présentiel – à l’échelle de la planète, cette mesure touche plus d’un milliard et demi d’élèves, soit 90 % des apprenants à travers le monde, selon les données de l’Unesco (2020).

Pour assurer la continuité pédagogique, des initiatives sont lancées à l’échelle nationale. C’est dans cette dynamique que le ministère de l’Éducation nationale et de l’Alphabétisation (Mena), en partenariat avec l’Ifef (pour le compte de l’OIF et l’AUF), met à la disposition des enseignants et autres personnels de l’éducation plusieurs ressources d’autoformation produites dans le cadre du programme Ifadem, afin d’assurer la continuité du développement professionnel de celles et ceux qui travaillent à l’enseignement du et en français au moyen des outils numériques. Ainsi naît Ifadem 100 % en ligne, initiative de l’OIF et de l’AUF, via l’Institut de la Francophonie pour l’Éducation et la Formation (Ifef).

Ifadem 100 % en ligne vise à assurer le renforcement des capacités des enseignants du primaire en français et en mathématiques via un dispositif de formation entièrement à distance. Ce programme vise par ailleurs à outiller ces personnels pour qu’ils puissent utiliser les ressources du numérique éducatif.

Le dispositif de formation Ifadem 100 % en ligne est déployé pour chaque pays participant (5 pays dans une phase pilote). 500 enseignants sont formés en ligne, pour un cursus de 200 heures en moyenne réparties sur 25 semaines : 1 livret par mois et 1 mois d’organisation et d’évaluation. En ce qui concerne la Côte d’Ivoire, la formation a été mise en œuvre de juillet 2020 à avril 2022.

La mission d’évaluation
La mission d’évaluation visait à analyser l’adéquation du dispositif 100 % en ligne avec les objectifs de formation d’Ifadem, à mesurer le degré de facilité de son usage et l’appropriation à laquelle elle a donné lieu chez les utilisateurs. Plus précisément, la recherche menée par l’équipe avait pour objectif de :

• déterminer le mode d’appropriation du dispositif ; 
• identifier les usages des stratégies et stratégies d’appropriation observés ; 
• identifier les pratiques traduisant les acquis de la formation chez les enseignants ; 
• vérifier l’adéquation des contenus didactiques et des approches pédagogiques avec les besoins des enseignants et apprenants ; 
• réaliser une analyse SWOT (forces, faiblesses, opportunités, menaces) du dispositif auprès des parties prenantes ; 
• faire des recommandations à l’attention des parties prenantes.